Un très leger rafraichissement du à l'éclipse de samedi

Depuis début d'août, la saison sèche s'est brutalement installée sur la Guyane. Les journées ensoleillées se succèdent, souvent sans l'ombre d'un nuage. Il n'a pratiquement pas plu sur la côte depuis début août, de rares averses se produisent occasionnellement dans la Guyane de l'intérieur. La saison sèche  2023,  pas encore terminée,  prend déjà un caractère exceptionnel du fait de sa précocité, par l'intensité du déficit pluviométrique qui l'accompagne mais aussi et surtout en raison des températures extrêmement élevées que l'on observe depuis la fin du mois de septembre dans la Guyane de l'intérieur. Le phénomène El Niño est associé à des saisons sèches plus sèches que la normale en Guyane avec aussi  un ensoleillement important; il est donc normal de constater en ce moment  des températures particulièrement élevées les après-midi. Toutefois, le récent phénomène El Niño de  2015/2016 pourtant plus sévère que celui de cette année ne s'était pas concrétisé par des températures aussi élevées que celles que l'on relève depuis la fin septembre. En fait, chaque semaine nous devons réviser nos chiffres avec de nouvelles valeurs de températures extrêmes.

Jusqu'à la fin septembre, seuls Camopi, Saint-Laurent et Grand-Santi avaient franchi le seuil des  38°C, la valeur de  38.5 dégrés atteinte le  30 octobre  2018 à Camopi restait la valeur de température la plus élevée mesurée en Guyane. Le 25 septembre, Saint-Laurent atteignait les  38.8 degrés et devenait la commune la plus chaude de Guyane depuis le début des observations météorologiques. Le lendemain, le  26 septembre, Camopi était proche de ce nouveau maximum avec 38.6°C. Grand-Santi suivait de près avec 38.1°C tandis que Cacao atteignait  37.8°C.

Début octobre, les températures maximales quotidiennes (souvent atteintes entre  14 heures et  15 heures)  ont encore augmenté.  depuis le  12 octobre, on dépasse quotidiennement les  38 degrés l'après-midi à Saint-Laurent, Camopi, Cacao et Grand-Santi.  Le jour de l'éclipse, (samedi  14 octobre), peu avant que le ciel commence à s'assombrir,  5 postes climatologiques ont atteint leur valeur la plus élevée de température maximale. C'est maintenant Grand-Santi qui enregistre la température la plus élevée relevée en Guyane avec  39.1°C. Vient ensuite Saint-Laurent avec 38.9°C puis Cacao, Camopi et Charvein (proche saint-Laurent) troisième ex aequo avec 38.8°C. Apatou suit de près avec  38.7°C relevés dimanche 15 octobre. La bordure littorale souvent bien ventilée par la brise de mer les après-midi ne connait pas des températures aussi élevées avec rarement plus de 34 degrés.

Le phénomène El Niño en cours ne peut  donc pas à lui seul expliquer ces températures hors norme. Il faut se rendre à l'évidence, et reconnaitre l'impact au niveau de la Guyane du réchauffement climatique global sur la planète. La Guyane n'est pas épargnée. La saison sèche n'est pas terminée, il faudra peut-être  à  nouveau réviser nos chiffres avec de nouvelles valeurs de températures maximales encore plus élevées d'ici la fin du mois.

L'éclipse solaire de samedi 14 octobre a donc commencé ( à 14h47) au moment le plus chaud d'une des journées les plus chaudes que la Guyane ait connues depuis le début des observations météorologiques. Il était donc difficile d'apprécier pleinement la baisse des températures constatée durant l'éclipse. On a pourtant mesuré, autour du moment du maximum d'obscuration lié  à l'éclipse ( 16h26), des températures plus basses que ce que l'on a pu constater la veille ou le lendemain à la même heure. Cette baisse, qui varie d'un secteur à l'autre se situe le plus souvent autour d'un degré. Cette baisse des températures avait d'ailleurs été anticipée et modélisée par les chercheurs de Météo-France du Centre National de Recherche Météorologique (CNRM) à l'aide du modèle haute résolution Arome Guyane.

La carte ci-dessus montre l'écart de températures à 17 heures entre celle relevée le  14 octobre et celles des jours environnant ( moyenne de la température de la veille et du lendemain à 17 heures). Cet écart varie beaucoup du fait des petites différences de nébulosité entre les différents secteurs. C'est  à  Roura que l'écart mesuré était le plus important.  La baisse des températures associée  à  l'éclipse aurait été peut-être plus perceptible si l'éclipse avait commencé plus tôt et atteint son apogée entre  14h  et 15h (heure généralement la plus chaude de la journée). La photographie de couverture de cet article nous a gracieusement été prêtée par guyaneastronomie site de référence pour les passionnés d'observation du ciel en Guyane. Cette photographie, prise avec les précautions d'usage:Etant donné la luminosité du Soleil, il est absolument impossible de regarder le soleil sans des lunettes spécifiques de protection solaire. Les risques sont simples et dramatiques, cela peut entraîner LA PERTE PARTIELLE OU TOTALE DE LA VUE. Il ne faut donc JAMAIS REGARDER LE SOLEIL EN FACE, et encore moins avec des jumelles ou un télescope. Retrouvez ici l'article dédié à l'éclipse du 14 octobre sur le site guyaneastronomie