De bonnes nouvelles pour la fin mars

Bilan provisoire d'une période pluvieuse exceptionnelle.

L'année 2021 était déjà considérée comme exceptionnellement pluvieuse. Toutefois le premier trimestre 2022 aura encore enfoncé le clou.

Après un mois de janvier bien arrosé, la situation s'est fortement dégradée en février pour empirer encore début mars. Quand l'exceptionnel s'installe dans la durée et tend à s'éloigner encore plus de la normale, les mots commencent à manquer pour décrire la situation.

La conjonction d'un épisode la Niña à son apogée et les restes d'une anomalie d'eaux plus chaudes que la normale sur le bassin atlantique équatorial ont contribué à amplifier l'activité de la Zone Inter tropicale de Convergence et à la garder à des latitudes proches de la Guyane. Tout au long de cette période la ZCIT ne s'est que très rarement enfoncée vers le sud pour nous mettre temporairement à l'abri des pluies. Elle est le plus souvent restée très proche, apportant beaucoup d'humidité. Par ailleurs, on a régulièrement observé des vents de sud dynamiques en haute altitude (8000m à 15000m) qui ont renforcé les développements nuageux et donné des épisodes pluvieux intenses.

De nombreux records ont été battus en février, et mars pas encore terminé (il nous reste 8 jours) pourrait bien en remettre une couche avec de nouveaux records.

Pendant cette période du premier février au 23 mars, 9 épisodes de vigilances fortes pluies et orages se sont succédé dont 2 de niveau orange, c'est déjà autant que la moyenne annuelle observée les années précédentes.

A Dégrad-des-Cannes, on a recueilli 931.6mm de pluies en février 2022, c'est le record tous mois confondus pour ce poste climatologique. A l'aéroport Félix Eboué, on est passé tout près du record tous mois confondus en février 2022 avec 1031.6mm (contre un record de 1046.2 en mai 2020). Mais attention, ce record est actuellement menacé puisqu'on relève pour les 23 premiers jours de mars un total de 1015.4mm à Matoury. La quantité de pluies observée en février puis en mars nous rappelle plutôt celle d'un mois de mai (mois le plus arrosé de l'année) sur la plupart des postes climatologiques de Guyane. La Guyane n'avait jamais connu une telle période pluvieuse de 60 jours à cette période de l'année (depuis le début des observations météorologiques).

Des records journaliers ont été battus, la période du 7 au 8 mars restera dans les mémoires avec plus de 300mm relevés sur  24 heures entre Roura et Montsinéry. Des intensités pluvieuses exceptionnelles se sont aussi produites sur des périodes plus courtes. Cet épisode pluvieux intense du 8 mars est à l'origine de la coupure de la RD5 sur la commune de Montsinéry.

Les communes du fleuve Maroni ont connu une pluviométrie importante entre le premier et le 10 mars avec entre 250 et 350mm de pluies, c'est plus que le total de la moyenne mensuelle des précipitations du mois de mars pour ce secteur.

Le niveau d'un fleuve dépend de la quantité de pluies que reçoit l'ensemble du bassin. Le réseau de mesures pluviométriques ne suffit pas en Guyane pour se faire une idée précise sur l'ensemble d'un bassin. C'est notamment le cas dans les secteurs isolés du bassin du Maroni en amont de Maripa-Soula (les bassins 1, 2 et 5). Les estimations satellitaires, même imprécises, sont un outil pour estimer les cumuls de pluies dans les secteurs isolés (nombreux en Guyane). Ces fortes pluies généralisées sur l'ensemble du bassin du Maroni pendant la première décade de mars 2022 sont très probablement à l'origine de la crue de grande ampleur qui a suivi. Le bassin de la Mana qui ne figure pas sur cette carte a lui aussi subi des cumuls très importants pendant cette période.

A Sinnamary, il faut citer une période exceptionnellement pluvieuse entre le 18 février et le 24 mars avec sur ces 7 jours un total de près de 500mm de pluies (496 mm), c'est plus que la pluviométrie moyenne des mois de février et mars confondus. Une nouvelle période pluvieuse s'est répétée  à  Sinnamary pendant la première décade mars 202 avec plus de 223 mm de pluies ( l'équivalent de la pluviométrie moyenne mensuelle de mars). Ces 2 périodes pluvieuses ont entrainé des inondations récurrentes sur la RN1 à proximité de Sinnamary.

Un petit "petit été de mars" en toute fin de mois

La ZCIT va temporairement s'éloigner.

La ZCIT qui nous a accompagné tout au long de ces 2 mois avec dans son sillage un cortège de pluies, va progressivement amorcer un mouvement vers le sud à partir de samedi. Contrairement aux rares et brèves excursions vers le sud que l'on a pu observer en février et mars, il s'agit cette fois d'un mouvement de plus grande ampleur qui durera 4 à 5 jours. Cette amélioration va s'amorcer par le Nord dès samedi midi. Les habitants du proche littoral pourront voir passer une dernière salve pluvieuse samedi en matinée mais à partir de samedi midi, une nette amélioration se fait sentir sur le littoral. Elle va gagner vers le sud au fil des jours. Samedi après-midi, des averses circulent encore dans l'arrière pays et quelques orages sont même possibles dans le grand sud de Camopi vers le haut Maroni. Dimanche l'amélioration est plus sensible avec un temps sec largement dominant sur une grand moitié nord de la Guyane et quelques averses dispersées de Camopi vers Maripa-Soula. De lundi à mercredi un temps globalement peu arrosé s'impose sur la plupart des communes de Guyane, quelques averses localisées persistent par moments, mais elles apportent des cumuls non significatifs.

L'anticyclone des Açores se décale vers le sud-ouest, il se rapproche de la Guyane. Cette proximité renforce les alizés de Nord-Est et repousse la zone de Convergence Inter Tropicale (ZCIT) loin au sud. La Guyane pour quelques jours, ne sera plus sous l'influence de la ZCIT, sa marge nord apportera encore quelques averses principalement localisées sur le sud Guyanais.

Brume de poussières dès aujourd'hui.

Cette période de temps nettement plus sec qui s'étire de dimanche 27 à mercredi 29 mars va en revanche s'accompagner de la présence plus ou moins dense de brume de poussières d'origine saharienne. Quand la ZCIT est au sud de la Guyane, on retrouve généralement de la brume de poussières véhiculée par les alizés depuis l'Afrique du Nord.La présence de ces particules fines dans l'atmosphère atténue l'ardeur du soleil et donne souvent une fausse impression de nébulosité quand on regarde le ciel.

Prévisions de brume de poussières par le centre européen de prévisions dans le cadre du programme européen Copernicus ( prévisions pour samedi 26 mars  à 15 heures locales). La brume de poussières d'origine saharienne sera plus ou moins présente dans le ciel ces jours prochains . Plus d'informations  à  ce sujet sur le site d'ATMO Guyane: https://atmo-guyane.org/

Cette situation est également favorable à des alizés soutenus. Un bon vent va souffler sur le littoral de samedi après-midi à lundi soir avec des rafales jusqu' 40km/h. Ce vent puissant aidera  à  chasser les nuages, le soleil devrait être au rendez-vous du littoral au proche intérieur samedi à mardi.

Le retour du soleil.

Depuis plus d'un mois et demi, la grisaille nous accompagne au quotidien, rares ont été les journées ensoleillées.

De samedi après-midi à mercredi, le soleil sera souvent au rendez-vous des plages aux savanes. Dans la Guyane forestière, l'amélioration ensoleillée sera surtout sensible de dimanche  à  mercredi mais il faudra parfois  compter avec quelques averses impromptues pour temporairement obscurcir le ciel.

De la rivière Camopi aux plages de Rémire-Montjoly, le soleil va faire un retour remarqué.

Et la suite ?

Cet assèchement devrait être temporaire, une nouvelle ondulation de la ZCIT devrait amener de l'humidité par l'Est de la Guyane à partir de jeudi. On attend en effet de nouvelles averses jeudi 31 mars de l'Oyapock à l'Ile de Cayenne mais la dégradation devrait surtout se ressentir de l'Oyapock à l'Approuague.Toutefois, à partir de vendredi 1 avril, le régime d'averses pourrait bien reprendre sur l'ensemble du pays. Le calendrier théorique des saisons aura tout de même été respecté avec une  brève période de petit été de mars en toute fin de mois et le retour des pluies pour le premier avril (classiquement la grande saison des pluies s'étire d'avril à juin).