Palmarès de la pluviométrie record de 2021 en Guyane

Classement pluviométrique des principaux postes climatologiques de Guyane

Roura aura été la commune de Guyane la plus arrosée cette année, suivie de près par la montagne de Kaw et Régina.

Tout en bas du classement, à la 20ᵉ position, on retrouve Awala-Yalimapo où il a plu deux fois moins qu’à Roura .

De nombreux postes climatologiques ont battu leur record annuel de précipitations en 2021, notamment dans le nord-Est.

Pour les communes du littoral, l’année 2021 est certes très pluvieuse mais on se situe tout de même en dessous des records de 1976 (autre année exceptionnellement pluvieuse).

Ce classement de 2021 respecte à peu près la pluviométrie moyenne que l’on observe traditionnellement en Guyane sur une année. Pour expliquer la pluviométrie particulièrement importante dans le quart Nord-Est (secteur allant de Saint-Georges au sud de Matoury et jusqu’à Montsinéry), il faut s’intéresser au relief. En effet on observe une vaste zone marécageuse qui s’étire de Ouanary à la rive Est du Mahury. Juste au sud de cette vaste zone marécageuse on retrouve une ligne de crêtes plus ou moins continue perpendiculaire aux alizés qui s’étire du Nord de Saint-Georges au sud-ouest de Montsinéry. Cette ligne de crêtes freine le flux des alizés, provoque des ascendances et crée des développements nuageux porteurs de pluies sur un secteur s'étirant de Saint-Georges  à Montsinéry.

A l’inverse dans le secteur de Mana et Awala-Yalimapo, l’absence totale de relief et l’orientation du trait de côtes presque parallèle aux alizés (Est-Ouest) est beaucoup moins propice aux développements nuageux.

Les similitudes sont grandes entre les 2 cartes. La comparaison montre que le nord-est Guyanais traditionnellement plus arrosé que le reste du pays l’aura été encore une fois cette année. De même, le secteur le moins arrosé de Guyane s’étend entre Mana et Awala cette année aussi comme à l’accoutumée.

Chronologie d'une année exceptionnelle

Pour l’anecdote, l’année 2021 aura commencé avec un épisode jaune de mer dangereuse à la côte (renommée ensuite vigilance vagues submersion) du 3 au 5 janvier et se sera terminée par une vigilance jaune vagues submersion lancée le 30 décembre.

Longue vigilance jaune fortes pluies et orages du 9 au 18 janvier 2021 .

La ZCIT active ondule au niveau de la Guyane, fortes averses et périodes d’accalmies allant de quelques heures à une journée se succèdent pendant ces 10 jours. Le secteur le plus arrosé est le Nord-Est, on relève pendant ces 10 jours plus de 450 mm de Régina à Cacao ; cela se traduit par une crue de la rivière Comté. Des inondations ponctuelles sont également observées pendant cette période dans la ville de Cayenne.

Chemin Saint Antoine à Cayenne le 12 janvier 2021 (réseaux sociaux)

Du 6 au 7 février, un épisode de vigilance fortes pluies et orages atteint le niveau orange cette fois avec de fortes pluies sur le Nord-Est. On relève plus de 180mm en 24 heures à Cacao. Sur la route de Cacao et la route de l’Est de nombreuses chutes de branches et d’arbres gênent la circulation. Le dimanche 7 février un groupe de Kayakiste en bivouac sur la rivière de Tonnegrande a du être secouru par les sapeurs pompiers à l’aide d’hélicoptères. Toutes leurs affaires avaient été emportées par la crue de la rivière.

Extrait d'un reportage de France-Guyane

Les rivières de petite dimension (les criques) peuvent monter très rapidement suite à une forte pluie. Il est important de consulter les prévisions météorologiques avant les sorties sur les criques.

L’année 2021 restera aussi marquée par l’absence de petit été de mars. Cette période plus sèche qui selon les années peut s’étirer entre le 15 février et la fin mars n’a pas été observée en 2021. On a pu tout au plus bénéficier de quelques jours un peu plus secs en mars.

Un événement météorologique mémorable s’est produit le dimanche 14 mars avec des pluies records sous orages dans la partie sud de l’Île de Cayenne.

Ce dimanche 14 mars, autour de la mi-journée on a relevé près de 140 mm en 4 heures au centre météorologique de l’aéroport. Un cumul de 75,6 mm a été relevé en 1 heure. Cette valeur constitue un record qui statistiquement ne se produit pas plus d’une fois tous les 50 ans.

Quartier Concorde à Matoury inondé le dimanche 14 mars 2021

A partir de la fin mars, la grande saison des pluies s’installe sur la Guyane et les événements météorologiques s’enchaînent à un rythme soutenu. Entre le 21 mars et le 26 avril pas moins de 8 épisodes de vigilance fortes pluies et orages de niveau jaune ou orange se succèdent. La route de Montsinéry est coupée le 7 avril, le débordement d’une crique ayant emporté la chaussée. Entre le 6 et le 7 avril, il est tombé plus de 200 mm à Montsinéry.

Le point d’orgue de cette période très pluvieuse est la vigilance rouge enclenchée dans la nuit du 26 au 27 avril à 05h26 du matin pour des pluies exceptionnelles dans le secteur allant de Cacao à Roura. En plein confinement, et dans un secteur peu peuplé ces pluies n’ont pas eu d’impact majeur.

La situation aurait été tout autre si les pluies étaient passées un peu plus au nord sur l’île de Cayenne (Roura ne se situe qu’à 23 km au sud de Cayenne à vol d’oiseau). On a relevé en 24 heures des cumuls de 200 à 250 mm entre Cacao et Roura. Cet épisode de vigilance rouge a été suivi par 4 jours de vigilance alternant entre le jaune et le orange. C’est pendant cette période que la route nationale 1 a été coupée le 29 avril 2021 au niveau d’Iracoubo.

Dans la nuit du 28 au 29 avril, des ponts sont emportés par le débordement de criques sur la piste reliant Papaïchton à Maripa-Soula.

Peu de secteurs ont été épargnés pendant cette longue période de vigilance. Les inondations fréquentes sur les communes du proche littoral, avec par exemple le quartier de la Charbonnière inondé à Saint-Laurent, ont été accentuées par les grandes marées de très grande ampleur observées du 26 au 30 avril et qui ont coïncidé avec la période de fortes pluies.

Les épisodes pluvieux se succèdent au mois de mai. Régulièrement des quartiers sont inondés dans les villes de Guyane.

Les répercussions sont encore plus importantes sur les grands fleuves de Guyane avec la crue du fleuve Oyapock et surtout une nouvelle grande crue du Maroni.

Crue sur le fleuve Oyapock vers le 20 mai 2021, extrait d’un article de France Guyane

https://www.franceguyane.fr/regions/grand-est/operation-sauvetage-a-camopi-483634.php

Le Maroni est en crue pendant près de 3 mois entre le 10 avril et début juillet. Les niveaux sont proches des grandes crues de 2006 et 2008. Les communes les plus touchées se situent entre Papaïchton et Apatou notamment dans les kampoes isolés (petits hameaux sur les rives du fleuve Maroni). Le caractère exceptionnel de cette crue est accentuée par sa durée de presque 3 mois. Plusieurs pics de crue se succèdent tout au long de ces 3 mois, les périodes les plus critiques ont été du 10 au 12 avril ; entre le 30 avril et le 2 mai puis en juin entre le 3 et le 6 juin.

Ecole de Monfina encerclée par les eaux dans la commune de Grand-Santi en mai 2021, image extraite d'un article de Guyane la 1ère: Maroni: le fleuve reste en alerte inondation - Guyane la 1ère (francetvinfo.fr)

En juin, la grande saison des pluies s'attarde avec 4 vigilances fortes pluies et orages de niveau jaune.

Les pluies commencent à marquer le pas en juillet avec tout de même un fort épisode pluvieux à Mana le 4 juillet.

En août, on pouvait commencer à espérer une transition vers la saison sèche mais un épisode pluvieux majeur se produit le dimanche 8 août tôt en matinée à Saint-Laurent. Un orage exceptionnel délivre 107,6mm de pluies entre 4 et 7 heures du matin ce dimanche.

Le phasage avec la marée haute freine l’évacuation des eaux vers l’océan. Le quartier Bagdad traversé par une petite crique est complètement inondé par une brusque montée des eaux, plus de 100 personnes doivent être relogées en urgence.

Inondations dans le quartier Bagdad à Saint-Laurent le 8 août 2021, extrait d’un reportage de Guyane la 1ère.

Inondations : A Saint-Laurent du Maroni des quartiers sous les eaux - Guyane (francetvinfo.fr)

Ce phénomène est récurrent, le quartier informel classé en zone submersible est traversé par une crique dont le niveau monte rapidement lors de fortes pluies sur une courte période.

En septembre, traditionnellement un des mois les plus secs de l’année, la saison sèche ne s’installe pas vraiment, on profite tout au plus de quelques brèves périodes asséchées de quelques jours. Sur l’ensemble de la Guyane, la pluviométrie de septembre est record, il n’avait jamais autant plu en septembre que lors de cette année depuis le début des observations météorologiques en Guyane.

Octobre s’inscrit dans la continuité de septembre avec là aussi une pluviométrie plus importante que la normale.
Fin octobre, la ZCIT se cale de plus en plus souvent à la latitude de la Guyane, la petite saison des pluies commence en début novembre avec près de 3 semaines d’avance.

Un épisode vigilance jaune fortes pluies et orages se produit dans la nuit du 10 au 11 novembre (événement très rare en novembre) avec de fortes pluies orageuses entre Sinnamary et Iracoubo.

Ce graphique avec les pluies par périodes de 10 jours à Matoury (année 2021 en vert et normales climatologiques en gris) illustre l’arrivée précoce des prémices de la petite saison des pluies dès la fin octobre. Il montre aussi la pluviométrie plus importante que la normale pendant la majeure partie de l’année (seuls les mois de février et juin ont été déficitaires au cours de l'année).

En décembre la petite saison des pluies tient ses promesses avec pas moins de 3 épisodes de vigilance jaune fortes pluies et orages. Le nord-est guyanais a été particulièrement arrosé en décembre (de la route de l'Est à Roura).

L'année s'est tout de même conclue par une note un peu plus optimiste :
En toute fin d’année, on a pu profiter d’une période de temps sec avec un peu de soleil entre le 30 décembre 2021 et le 2 janvier 2022.

On retiendra que 2021 , outre sa pluviométrie record sur l’année a été jalonnée d’épisodes pluvieux conséquents avec 27 épisodes de vigilance forte pluies et orages dont un de niveau rouge. En moyenne, les années précédentes on a observé moins de 10 épisodes de vigilance fortes pluies et orages par année.