Retour de quelques averses cette semaine

Une saison sèche exceptionnelle en 2023

3 raisons concourent à donner un caractère exceptionnel à la saison sèche 2023 :

- Sa précocité avec cette année un temps sec dominant depuis le tout début du mois d'août.

- Le déficit pluviométrique très important et durable observé en août, septembre et octobre et qui maintenant se prolonge début novembre .

- La chaleur observée sur des semaines consécutives dans la Guyane de l'intérieur : En effet, les températures maximales ont atteint des niveaux jusque là inégalés avec 7 postes climatologiques dépassant les 38°C, souvent à plusieurs reprises (Cacao, Camopi, Grand-santi, Apatou Saint-Laurent Taluen et Charvein) et même pour la première fois en Guyane, la barre des 39 degrés franchie avec  39.1 °C mesurés à Grand-Santi et 39 degrés à Camopi.

La saison sèche n'est pas encore terminée et si elle venait à persister jusque fin novembre, voir début décembre, elle se démarquerait encore plus de la normale (ce n'est pas impossible).

Ci-dessous une carte faisant le bilan de la pluviométrie cumulée des mois d'août, septembre et octobre.

Le déficit pluvieux est observé presque partout, seul le secteur de Mana à Awala-Yalimapo  se démarque à cause d'un violent orage observé le 18 août en soirée (avec 85 mm observés ce soir là à Awala, il représente plus de la moitié du cumul des 3 mois).

Le retour temporaire de la ZCIT cette semaine

Depuis la mi-octobre, la marge sud de la Zone de Convergence Inter Tropicale s'est parfois temporairement  rapprochée du littoral guyanais mais avec une activité faible. Cela s'était traduit par quelques rares et faibles ondées côtières et quelques arrosages plus conséquents dans l'arrière pays principalement le long d'un axe Régina, Cacao, Petit-Saut, Saint-Laurent. La carte ci-dessous issue des mesures de débit de la Cellule de Veille Hydrologique de Guyane  (qui surveille les fleuves de Guyane et alerte sur les risques de crues ou étiage sévère) montre bien des remontées temporaires du débit de la Comté suite aux averses parfois soutenues dans ce secteur autour du 20 octobre puis début novembre même si depuis le niveau a de nouveau baissé. A la date du 14 novembre le débit actuel (courbe bleue)est équivalent aux étiages sévères de 2009 et 2016.

  Le sud de la Guyane du haut Oyapock vers le haut Maroni est resté à l'écart avec très peu de précipitations pendant la première quinzaine de novembre, ce qui explique le niveau très bas du fleuve Maroni, notamment dans sa partie amont.

Les mesures du débit du Maroni à Maripasoula par la CVH de Guyane montrent une baisse constante du débit depuis la fin octobre. Le débit actuel à  la date du 14 novembre (courbe verte) correspond aux étiages sévères de 2009 (courbe rouge) et 2016 (courbe rose).

On attend à partir d'aujourd'hui une nouvelle descente de la ZCIT vers nos latitudes avec cette fois une activité un peu plus soutenue. Cette semaine s'annonce donc marquée par le retour d'averses sur la moitié nord du pays. Les communes côtières devraient voir passer quelques ondées nocturnes et de début de matinée, les cumuls attendus restent cependant modestes. Dans l'arrière pays en revanche, de la route de l'Est à Roura, Montsinéry, Petit-Saut, Saut Sabbat et Saint-Laurent, on attend en revanche des averses plus significatives les après-midi. Plus au sud, de Camopi vers Saül et Maripasoula, on attend peu ou pas de pluies, ce secteur reste pour le moment encore éloigné de la marge sud de la ZCIT. Ce très faible débit dans la partie amont du Maroni rend la navigation sur le fleuve difficile et complique beaucoup l'acheminement du fret nécessaire aux communes isolées. La situation est critique également sur la partie amont de l'Oyapock. Ainsi à Camopi, la dernière pluie significative  remonte au 9 septembre avec moins de 3mm ; de plus la température maximale dépasse quasi quotidiennement les 37°C avec des pics réguliers à plus de 38 °C depuis début octobre dans ce secteur.

La carte ci-dessus montre les cumuls de pluies prévus entre mardi et dimanche par le modèle numérique du Centre Européen de Prévisions. On note les disparités entre le sud de la Guyane très peu arrosé (encore éloigné de la marge sud de la ZCIT), l'arrière pays où se concentreront les principales averses et la bordure littorale où les cumuls attendus restent modestes. Ces données brutes de prévisions permettent de se faire une idée de la situation attendue cette semaine mais les précipitations sous forme d'averses présentent beaucoup de variabilité d'un secteur à l'autre. Certaines communes pourraient rester au sec alors que d'autres pourraient subir des cumuls pluvieux plus importants que prévus. Cette semaine marque tout de même le retour à un temps un peu plus arrosé sur la moitié nord du pays. La journée de mardi puis la nuit de mardi à mercredi et encore la journée de  vendredi 17 novembre représentent la période la plus propice aux averses. Quelques bons arrosages restent encore possibles samedi mais de manière plus  localisée. En revanche le déficit pluviométrique devrait persister dans la partie amont des bassins du Maroni et de l'Oyapock.

A partir de dimanche, le beau temps sec reprend la main mais il faudra être prudent sur les plages avec des rouleaux parfois forts principalement aux heures des marées hautes ( 09h24 et 21h33 dimanche).

Un déficit pluviométrique persistant prévu jusqu'en fin d'année.

En lien avec le phénomène El Niño qui actuellement s'intensifie, les prévisions saisonnières maintiennent un déficit pluviométrique persistant jusqu'en fin d'année. Le calendrier montre habituellement une reprise significative des pluies avec le retour à nos latitudes de la ZCIT lors de la dernière décade de novembre (à partir du 20 novembre). Toutefois, la réalité s'en écarte parfois franchement. Ainsi les années 2020, 2021 et 2022 sous l'influence de la Niña nous ont habitué à une arrivée très précoce de la saison des pluies avec des mois de novembre très pluvieux, mais certains se rappellent peut-être de l'année 2004 où la plupart des communes de Guyane n'ont vu arriver les premières pluies de la fin de la saison sèche qu'au début des vacances de Noël. Pour cette année, plusieurs scénarios restent possibles mais il est vraiment peu probable que l'on assiste à une reprise massive des pluies d'ici la fin novembre. On assistera plutôt à une longue transition vers la saison des pluies avec de temps à autres quelques averses mais aussi encore des périodes sèches. Il y aura aussi probablement des différences notables d'un secteur  à  l'autre. Cette semaine (du 13 au 19 novembre), prévue un peu plus arrosée sur le nord de la Guyane marque donc seulement un répit temporaire mais dès la semaine prochaine la ZCIT pourrait bien de nouveau remonter et laisser la place aux alizés de sud-est secs et stables qui ont le plus souvent dominés en septembre et octobre. La saison sèche n'est donc pas encore terminée.

La carte ci-dessous montre les prévisions d'écarts à la normale des précipitations prévues en décembre par les modèles de prévisions saisonnières de Météo-France. Les couleurs ocres et marrons sur la Guyane sont associées à un déficit pluviométrique.