A la une Image satellitaire du lundi 26 février 2024 montrant la ZCIT repoussée au niveau de l'Equateur

Météo-France

Un long petit été de mars en 2024.

26/02/2024

En janvier 2024, on a déjà observé de nombreuses journées rappelant le petit été de mars en Guyane. En février, ces journées sèches sont devenues largement majoritaires, le petit été de mars s'était clairement installé avec une belle avance. Ce temps très sec et ensoleillé devrait se poursuivre début mars ; cette semaine et la semaine suivante s'annoncent en effet peu arrosées.

Un début d'année peu arrosé.

Le petit été de mars correspond à la période de l'année où la ZCIT se décale le plus au sud (vers l'embouchure de l'Amazone) avec sur la Guyane la mise en place d'un temps généralement sec, ensoleillé et bien ventilé par des alizés de Nord-Est. On observe aussi régulièrement la présence de brume de poussières portée depuis les côtes d'Afrique du Nord par les alizés de Nord-Est. Statistiquement, cette période d'assèchement entre la petite saison des pluies et la grande saison des pluies, s'étire de la fin février à la fin mars avec une plus grande fréquence en deuxième décade de mars. La réalité s'écarte parfois nettement de ce calendrier théorique. Le petit été de mars est souvent fractionné, parfois carrément absent. Il se ressent souvent mieux sur le nord-ouest de la Guyane, de Kourou vers la basse vallée du Maroni. A l'inverse, les communes du sud de la Guyane plus proches de la zone d'influence de la ZCIT qui évolue au sud, subissent quelques averses. Plus à  l'Est, la vallée de l'Oyapock est  régulièrement concernée par des amas pluvieux qui se détachent de la ZCIT encore proche sur l'océan. 

En 2024, le petit été de mars tient largement ses promesses et semble vouloir s'inscrire dans la durée.

En janvier, on a déjà pu observer quelques prémices du petit été de mars avec des séries de 5 à 6 jours bien ensoleillées et sans pluies ; ce fût le cas notamment en début de mois et cela s'est surtout ressenti sur le nord ouest guyanais, de Sinnamary vers l'embouchure du Maroni. Le mois de janvier a donc présenté une pluviométrie nettement déficitaire (déficit moyen de 26%). Voir à ce propos le bulletin climatologique mensuel de janvier 2024

A partir de début février les jours sans pluies se sont multipliés, un soleil généreux s'est installé et les journées pluvieuses sont devenues minoritaires. On était déjà entré dans le petit été de mars. Encore une fois, le temps le plus sec a été observé dans le nord-ouest de la Guyane, de Kourou vers Saint-Laurent et Awala-Yalimapo. Au cours du mois de février, on a assisté à quelques remontées temporaires de la ZCIT vers le littoral guyanais mais elles n'ont apporté des cumuls significatifs que dans l'est, de l'Oyapock au village de Cacao. Partout ailleurs les cumuls pluvieux sont restés très modestes, nettement en dessous de la pluviométrie moyenne d'un mois de février. 

La carte ci-dessous montre le débit moyen de la Comté (carte fournie par la Cellule de Veille Hydrologique de Guyane qui étudie et mesure les débits des fleuves et rivières de Guyane et réalise des prévisions de crues ou d'étiage en fonction de la saison). 

A la date du 23 février, la Comté a, au niveau de saut Bief (en amont de Cacao) un débit légèrement supérieur ( courbe rouge) à celui que l'on pouvait observer lors de la saison sèche sévère en septembre ou octobre.La courbe en dent de scie s'explique par les averses observées de temps à autre dans ce secteur. La Comté, rivière de petite dimension, réagit rapidement après une averse.
Courbe de débit de la Comté à Saut Bief au  23 février 2024

 

La vallée du Maroni a elle aussi été très peu arrosée au cours de ce mois de février, la courbe de débit ci-dessous montre la situation à la station hydrologique de Maripasoula. Le débit à la date du 23 février est proche de celui que l'on observait début octobre au coeur de la saison sèche.Courbe de débit du fleuve Maroni à la station hydrologique de Maripasoula

 

Le très faible débit observé fin février dans les bassins de la Comté et de l'Oyapock illustre bien le déficit pluviométrique marqué que la Guyane connait actuellement en lien avec l'épisode El Niño dont l'influence reste encore sensible. Ce déficit pluviométrique est encore plus sévère dans le nord-ouest, de Kourou vers Saint-Laurent, Mana et Awala-Yalimapo où les cumuls pluvieux pour ce mois de février se situent dans une fourchette de  20 à 40mm. On est bien  loin de la pluviométrie moyenne de février qui varie dans ce secteur  de 162mm ( Awala) à 236mm (Kourou).

Un petit été de mars prévu pour durer.

Les prévisions pour cette semaine et la semaine prochaine nous montrent que le petit été de mars n'est pas encore fini. Un temps peu pluvieux devrait dominer au cours de ces 15 prochains jours (jusqu'au 10 mars au moins). Les averses vont rester rares,  notamment au cours de cette semaine. Cela ne signifie pas qu'il ne pleuvra pas du tout, mais nettement moins que la normale pour une telle période de l'année. Les journées sèches et ensoleillées seront majoritaires mais de temps  à autre une journée un peu plus arrosée peut se démarquer. Ce sera peut-être le cas samedi 2 mars avec un petit regain temporaire d'instabilité. 

Comme lors du mois de février, ce petit été de mars persistant se ressentira plus sur le nord-ouest (bien éloigné de l'influence de la Zone de Convergence Inter Tropicale, tandis qu'à l'inverse la vallée de l'Oyapock verra encore passer quelques averses notamment dans sa partie amont. Pour la vallée du Maroni, c'est un peu plus incertain mais on n'attend pas de cumuls pluvieux importants pour les quinze prochains jours.

D'autres caractéristiques du petit été de mars qui se vérifient encore une fois cette année méritent d'être signalées. On a régulièrement observé en février 2024 des températures maximales élevées dans la Guyane de l'intérieur, les 35 degrés ont parfois été atteints ou dépassés à Cacao, Grand-Santi, Maripasoula ou Saint-Laurent. Il devrait continuer à faire bien chaud les après-midi dans la Guyane de l'intérieur au cours de ces 2 semaines (jusqu'au 10 mars au moins). En revanche les nuits parfois bien étoilées sont un peu fraiches notamment dans les fonds de vallées. Sur le littoral, c'est l'inverse, la brise souvent bien établie limite la montée des températures les après-midi et on dépassera rarement les 32 degrés cette semaine.

Ce vent souvent bien établi pendant le petit été de mars soulève des vagues plus élevées que durant les autres périodes de l'année. Ce n'est pas franchement le cas cette semaine, mais la mer devrait se creuser significativement la semaine prochaine (du 4 au 11 mars) avec de nouveau des rouleaux dépassant les 2m sur les plages non envasées. C'était déjà souvent le cas depuis le début de l'année avec 5 épisodes de vigilance vagues-submersions déjà observés. Le dicton guyanais rappelant la dangerosité de la baignade lors de la saison des graines reste de bon conseil.

Ci-dessous les prévisions d'écart à la normale de la pluviométrie pour la semaine du 26 février au 4 mars (en haut) et la semaine du 4 au 11 mars. Les couleurs orangées sont associées à une pluviométrie moins importante que la normale.Prévisions d'écart  à  la normale de la pluviométrie pour la semaine du 26 février au 4 mars (source Centre Européen de Prévisions  à moyenne échéance)

 

 

​​Prévisions d'écart à la normale de la pluviométrie pour la semaine du 4 au 11 mars ( source: Centre Européen de Prévisions à moyenne )