A la une Cumulonimbus matinal dans le ciel de Kourou

Joelle Fraisse

Une phase la Niña qui perdure encore en début d'année

12/12/2022

L'épisode la Niña amorcé en septembre 2020 joue les prolongations et pourrait perdurer jusqu'en février ou mars 2023. La pluviométrie en Guyane va donc très probablement rester plus importante que la normale au cours des mois qui viennent. l'année 2022 n'est pas encore terminée et les premiers records de pluviométrie annuelle viennent de tomber. C'est notamment le cas à l'aéroport Félix Eboué , où depuis les premiers relevés pluviométriques commencés en 1946 , on n'avait pas connu d'année aussi pluvieuse.

Un épisode la Niña exceptionnellement long.

Le phénomène La Niña correspond au refroidissement à grande échelle des eaux de surface dans le centre et l’est du Pacifique équatorial, associé à des variations de la circulation atmosphérique tropicale, autrement dit des vents, de la pression et des précipitations. Ses effets sur le temps et le climat sont en général l’opposé de ceux de l’anomalie El Niño, qui est la phase chaude du phénomène ENSO. En Guyane, on observe une forte corrélation entre la pluviométrie et  les phase La Niña ou El Niño. En période la Niña, on observe une pluviométrie excédentaire tandis que les phases El Niño sont associées à une pluviométrie déficitaire.Voir ici l'article sur l'influence du cycle El Niño/la Niña sur le climat guyanaisanomalies de températures de surface des océans analysée en décembre 2022

L'image ci-dessus montre les écarts  à  la normale des températures de surface des océans à l'échelle planétaire. Les couleurs bleues montrent des eaux de surface plus froides que la normale tandis que les couleurs rouge correspondent à des eaux de surface plus chaudes que la normale. On repère bien la langue d'eaux froides qui s'étire vers l'ouest le long de l'équateur depuis la côte du Pérou. Cela montre la persistance en cette fin d'année de la phase La Niña.

Cet épisode la Niña a commencé en septembre  2020 et devrait perdurer jusqu'en février 2023 (probabilité de 75% que le trimestre décembre 2022/février2023 soir encore en conditions la Niña),  voire même mars 2023 (probabilité de 60% pour que le trimestre  janvier/mars2023 reste sous l'influence de la Niña).
Ecart  à  la normale de la pluviométrie prévue au premier  trimestre  2023Sur la carte ci-dessus, la couleur verte est associée  à  des pluies plus importantes que la normale. A l'inverse, les couleurs du beige au marron correspondent  à  une pluviométrie prévue déficitaire.

Sous l'influence de la Niña, le signal vert foncé présent sur une partie nord de l'Amazonie brésilienne, la Guyane et le Surinam est clair. On attend des précipitations plus importantes que les normales de saison dans cette zone (excédent de  100 à 200mm). Dans le détail, ce sont surtout les mois de janvier et février qui sont prévus excédentaires, le mois de mars semble marquer le début d'un retour progressif  à  la normale.

Une telle durée pour un épisode la Niña est plutôt exceptionnelle, c'est seulement la troisième fois depuis  1950 que l'on observe un épisode la Niña  triennal.

Déjà des records de pluviométrie annuelle

L'année  2021 était jusqu'à présent considérée comme l'année la plus pluvieuse observée en Guyane (moyenne des  13 postes climatologiques principaux). 2022  s'inscrit bien bien dans la continuité. L'année n'est pas encore terminée mais des records de pluviométrie annuelle ont déjà été battus.

A Matoury aéroport  avec 5434mm déjà recueillis depuis le début de l'année, le précédent record de pluviométrie annuelle (54329mm) datant de 2021  ne tient plus. 2022 est donc déjà l'année la plus pluvieuse observée sur l'aéroport Félix Eboué depuis le début des observations en 1946.

C'est également le cas sur 2 autres postes climatologiques de l'Ile de Cayenne: au Larivot avec  4567mm et  à  Dégrad des Cannes avec 5393.1mm. Sur ces  2 postes, le précédent record datait de 2021.

D'autres records de pluviométrie annuelle pourraient tomber. Avec  3050mm déjà relevés, la commune de Mana n'est pas loin de son record de 3050mm datant de  2021.

A Roura également, le match n'est pas terminé: avec 5215mm déjà relevés, nous sommes très proche du record de 5393mm datant de  1976.  A Montsinéry également le record de  5199mm de  1989 ne dépasse que de peu les 5064mm recueillis jusqu'à aujourd'hui ( 11 décembre). Les copieuses pluies souvent observées pendant les  quinze derniers jours de l'année devraient permettre de franchir le pas.

Le tableau ci-dessous reprend l'historique mois par mois de la pluviométrie hors norme observée en Guyane depuis avril 2020.Frise chronoligique de la pluviométrie moyenne mensuelle en Guyane comparéeà la normale

En vert figure la pluviométrie mensuelle observée en  2020, 2021 et 2022. En gris la pluviométrie moyenne mensuelle correspondante. Ces pluviométrie sont issues de la moyenne calculée sur les 13 postes climatologiques principaux.On peut constater qu'à partir d'avril 2020, la pluviométrie mensuelle n'a été déficitaire qu'à  6 reprises avec seulement un mois nettement déficitaire ( septembre 2022 avec un déficit de  31%). La plupart des mois présentent une pluviométrie largement excédentaire; On retiendra surtout les mois de septembre 2021 (+148%), février2022 (+103%) et mars  2022 (+127%).

Ce tableau illustre le lien fort entre la pluviométrie en Guyane et la phase La Niña que nous subissons actuellement. Ces précipitations abondantes sur une durée anormale ( plus  2 ans et demi) ne sont pas liées au changement climatique mais à une phase exceptionnellement longue de la Niña. Le changement climatique et les différentes phases du cycle ENSO ne se font pas sur les mêmes échelles de temps. Le changement climatique s'étudie sur un temps long et s'intéresse à l'évolution des températures et des précipitations à l'échelle d'un siècle ou un demi siècle alors que le cycle alternant les phases el Niño, phases neutres et phases la Niña se répète de manière irrégulière avec une  période allant de  2 à 7 ans.

  • petit comou déjà mur

    Les arbres fruitiers de la forêt et des jardins s'adaptent à cette forte pluviométrie

  • Paripous loins d'être mur

    en fructifiant parfois

  • variété de gros comou

    avec un peu d'avance.

  • Cupuaçu presque mur

    La saison des graines

  • Awara

    sera au rendez-vous en 2023,

  • mais peut-être avancée

  • Waçaï

    de quelques semaines...