A la une Trajectoires des systèmes tropicaux sur chaque bassin océanique. A noter, l'absence de circulation à proximité de l'équateur

NASA

La Guyane : destination inconnue pour les ouragans !

22/06/2021

Alors que toutes les conditions atmosphériques et océaniques sont réunies, comment expliquer la clémence du climat guyanais, protégeant notre territoire de toute menace cyclonique ?
Pour comprendre cette bienveillance des cieux, intéressons-nous à une conséquence du mouvement de rotation de notre planète sur elle-même, telle que démontrée par un éminent scientifique français et mieux connue sous l'appellation : effet de Coriolis


Un théorème mathématique pour expliquer l'absence de cyclone en Guyane

 

Portrait de Gaspard-Gustave de Coriolis

 

Portrait de Gaspard-Gustave de Coriolis (1792-1843)

Parmi ses nombreux travaux, le mathématicien et polytechnicien français Gaspard-Gustave de Coriolis a mis en évidence une interaction entre la rotation de la Terre autour de son axe et tout objet en mouvement.

Décliné à la science météorologie, le théorème élaboré par de Coriolis est le suivant :

"Toute particule en mouvement dans l'atmosphère est dévié vers sa droite dans l'hémisphère nord, respectivement vers la gauche dans l'hémisphère sud ".

Cette interaction, ou effet de Coriolis, permet d'initier, si certaines conditions atmosphériques et océaniques sont réunies, un mouvement tourbillonnaire, élément indispensable pour amorcer une cyclogenèse (naissance d'un cyclone).

Le scientifique a démontré que l'effet éponyme atteignait une valeur maximale près des pôles, et, a contrario, une valeur minimale, voir nulle, à proximité de l'équateur.

C'est le fameux maillon manquant en Guyane comme sur tout territoire situé sous les latitudes équatoriales (10°N-10°S), zone où les valeurs de l'accélération de Coriolis sont trop faibles.

C'est également le théorème de Coriolis qui permet de comprendre la différence de rotation des cyclones : dans le sens inverse des aiguilles d'une montre dans l'hémisphère nord, à l'opposé dans l'hémisphère sud.

Signalons que la quasi-absence de cyclone sur l'Atlantique sud, même au delà des latitudes équatoriales, trouve son explication par des conditions océaniques non favorables, plus précisément à des températures de l'océan insuffisamment élevées (< 26°C).

Mais une météo guyanaise parfois sous influence cyclonique

Certes, notre département ne connaîtra jamais les effets dévastateurs du passage d'un ouragan, tels que ceux observés chez nos compatriotes Antillais, menacés par de violentes rafales de vent, des pluies diluviennes ou encore par le déferlement de très fortes houles. Néanmoins, certaines dégradations météo en Guyane, parfois très sévères, et se produisant, paradoxalement, en saison sèche, peuvent s'expliquer par la présence d'un cyclone, même à très grande distance de nos côtes.

Revenons quelques mois en arrière, en septembre 2020. Alors que les Guyanais profitent d'un temps chaud et ensoleillé, classique en saison sèche, la présence de l'ouragan Teddy (image 1), avec un œil situé à environ 1200 km de nos côtes, va modifier la circulation atmosphérique jusqu'à nos latitudes et occasionner des averses orageuses de forte intensité. Le mercredi 16 à la mi-journée, la station météo de l'aéroport Félix Éboué a relevé 94 mm de pluie en 3 heures, dont 55 mm en 1 heure ... soit l'équivalent d'un mois de pluie !

Image 1  Ouragan TEDDY vu par le satellite météo GOES16  le 16 septembre 2020

 

Image 1

Ouragan TEDDY vu par le satellite météo GOES16 le 16 septembre 2020

 

Comme représenté sur l'image 2 par les flèches bleues, la vaste circulation tourbillonnaire autour de l'œil de l'ouragan Teddy, se traduit sur la Guyane par une orientation du vent au secteur sud (c'est-à-dire soufflant vers le nord). Une telle configuration contribue à la remontée d'un air équatorial plus chaud et surtout plus humide, car en provenance de la forêt amazonienne, qui déclenchera sur notre région de nombreux foyers orageux.

Image 2  Simulation de la circulation atmosphérique le 16 septembre 2020  par le modèle numérique du Centre Européen de Prévisions météo

 

Image 2

Simulation de la circulation atmosphérique le 16 septembre 2002

par le modèle numérique du Centre Européen de Prévisions météo

 

Autre exemple, en 1996, et toujours en saison sèche, l'ouragan Édouard, centré à environ 1400 km des côtes guyanaises, est en partie responsable de la journée la plus pluvieuse observée sur la ville-Préfecture. Le 25 août, la station météo de Cayenne a mesuré 255 mm de pluie, dont 222 mm en 6 heures, soit l'équivalent de 3 mois de pluie. La plupart des rues se sont retrouvées submergées par 80 cm d'eau.

Article de presse de France-Guyane

 

Article de presse de France-Guyane

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